Sur les méthodes archéologiques "pointues"...
(Extrait de la biographie d'Henri Prades)
.../... Soucieux de bien
finir l'année 1988, Michel Py provoque une polémique en falsifiant
les découvertes d'Henri et du G. A. P. à Lattes, dans le numéro
1 de la revue LATTARA. Son article prétend exposer vingt-cinq ans d'archéologie,
mais il le mine "d'erreurs" déformant le travail. Par exemple,
la présentation de la muraille dans l'axe de la route de Pérols
(vers l'ouest), de 1,80 mètre d'épaisseur, dégagée
à l'Automne 1980 : un autre mur s'appuie perpendiculairement sur cette
enceinte. Or py présente cette dernière comme secondaire et s'appuyant
sur l'autre pan, en omettant les pointillés de continuité dans
le dessin initial*. Cette plaisanterie mérite un récit :
Henri écrit beaucoup et réalise de nombreux articles et des publications,
dont on ne trouve que quelques exemples dans ces pages. Il n'a jamais donné
une relation globale des découvertes de vingt-cinq ans de fouilles (j'en
oublie dans ce livre, mais Dany (sa fille) prépare un ouvrage complet
des écrits d'Henri Prades). Michel Py veut en faire une présentation.
Prades s'imagine que les éclats passés (avec Py) ont servis de
leçons, et que cela se fera dans la correction, alors pourquoi pas? Il
lui prête même des rapports qu'il n'a pas (n° 16 et 21) -Il
oublie d'ailleurs de les rapporter à Henri-. De plus, le Groupe Archéologique
Painlevé prête 30 000 francs à Michel Py pour tirer le premier
volume de la série LATTARA -argent restitué plus tard, paraît-il,
sous forme d'exemplaires-. Mais tous les adhérants présents partagent
la confiance d'Henri, et aucun ne pense à faire signer une reconnaissance
de dette !
Le sommaire de "Lattara 1" comprend les signatures de Barruol, Favory,
Bats, Roux, Py, De Chazelle, Chabal, Maccotta. Ils n'ont même pas la décence
de d'inviter Henri à produire un article dans cette revue, pour résumer
un quart de siècle de travail forcené. Michel Py "s'en charge".
On jouit des réalisations de Prades, mais sans Prades (j'ajoute que sept
ans plus tard, avec le recul, il m'apparaît énorme que l'argent
d'un groupe amateur serve à la publication d'un ouvrage signé
par des professionnels, dont l'un dénigre les 25 ans de fouilles bénévoles
sur Lattes ! ). Le texte incriminé, technique et sans talent, rebute
le lecteur. Un universitaire français juge "dégueulasse"
cette présentation falsificatrice, pleine d'erreurs si nombreuses qu'elles
ne peuvent être fortuites. Un archéologue américain l'estime
"bâclée et sans valeur scientifique".
Henri "tient" le manuscrit avant la publication, mais confiant et
définitivement naïf, trop blessé et amer aussi, il ne parcourt
que l'introduction où on fait l'éloge du G. A. P. et d'Henri Prades.
Vexé du peu de cas dont on l'affuble depuis deux ans, il "laisse
courir" et donne l'autorisation d'imprimer sans lire le texte. Et puis
le groupe avance une somme très importante relativement au budget dont
il dispose. Cela mérite le respect. . . Sa seule erreur consiste à
faire confiance à n'importe qui. Après la publication, des fouilleurs
du G. A. P. plus circonspects qu'Henri, lui signalent les plans modifiés,
les dessins incomplets, des critiques acerbes sur des conclusions provisoires
et le reproche dérisoire de la présence de cagettes sur les photographies
du G. A. P. Py, impérial dans le rigorisme, souligne même le manque
de rigueur du temps de Prades. On reconnaît là l'homme d'Ordre
!
Trois jeunes poussent Henri à répondre : Georges Marchand, traité
de fétichiste du chiffre, Jean-Louis Vayssettes dont on a bricolé
les plans, Alain Mendoza écuré par la publication. Il tape
très vite un texte mordant et railleur -Prades n'a jamais su être
cruel- et le livre à la Fédération Archéologique
de l'Hérault, qui le publie "in extenso" en Septembre-Décembre
1989. Je ne peux recopier ici tout l'article long et dense. Henri y décrit
minutieusement les égarements idéalistes. Je vous en livre juste
quelques extraits : "En application de la locution proverbiale : Passez-moi
la rhubarbe, je vous passerai le séné" (l'introduction de
Py cire les pompes de Prades), je dirai que l'article dont il est question représente
un travail considérable à divers titres, préparé
et imprimé en un temps record. Lire des rapports de fouilles établis
depuis 25 ans, choisir 14 photographies sur des centaines, énumérer
des milliers d'objets trouvés, modifier des dessins établis par
des spécialistes, imbriquer d'autres travaux (Direction des Antiquités,
fouilles programmées, fouilles JC. Roux, fouilles Y. Gasco. . . ), s'investir
dans la publication, tout cela et la mise au point de l'article représentent
un véritable tour de force qui n'est pas à la portée du
Premier venu, moi en l'occurrence (. . . )
Page 67, M. Py parle de "redécouverte" de l'habitation antique
par un écolier. Le jeune Jacques Perez et son cousin Jean Offroy n'avaient
et n'ont aucune prétention archéologique. Il n'empêche que
ce sont eux qui ont réveillé la Belle au Bois Dormant et, s'ils
n'avaient rien dit, Lattara serait aujourd'hui totalement dévorée
par les lotissements (. . . )
Dès la page 67, M. Py fait des réserves sur ce que j'appelle la
zone portuaire, puisqu'il met le mot portuaire entre guillemets. Il en sera
ainsi tout au long de l'article (. . . )" Toute la réinterprètation
de fouilles du G. A. P. par Michel Py suit la même méthode. Henri
termine ainsi : ". . . ceux qui subissent les mêmes tracas que
moi comprendront qu'après avoir sacrifié 25 ans de sa vie sur
un gisement on "digère" mal certaines phrases, surtout celles
qui frappent des compagnons de route qui ont tant donné sans jamais rien
demander en retour. En présentant "un bilan volontairement limité
à quelques aspects" de 25 ans de travaux "de manière
critique" donc orientée au nom d'une problématique, M. Py
a dissipé les illusions que j'aurais pu avoir à la suite d'engagements
de Pompidou, Chef de l'État, et de Mme Giroud, Ministre, en vertu de
quoi je devais faire partie de l'équipe appelée à continuer
les recherches sur Lattes"**.
Quelle leçon sur les rapports entre l'État et les intérêts
Locaux, n'est-ce pas? Le pouvoir est sous le paillasson. Écartelée
entre tant de grandeur lointaine et de proche petitesse, que pèse la
vie du "petit fouilleur"?
Mais je me pose la question avec le recul de sept ans depuis (le texte est écrit
en 1996). . . Depuis, de petits événements m'éclaircissent
sur ce culot d'acier étonnant de Michel Py. Une lettre manuscrite d'un
responsable du G. A. P. m'en apprend plus sur ses motifs que des jours et des
jours de réflexions solitaires :"Madame
PRADES, Je vous envoie comme promis ma réflexion concernant l'article
de Michel PY sur les fouilles d'Henri PRADES et du groupe archéologique
Painlevé publié dans le volume 1 de la série Lattara dirigée
par Michel PY, à la fois pour la rédaction et l'édition
par le biais de l'ARALO dont il est le président. Juge et partie dans
cette série d'ouvrages, Michel PY a donc publié un article important
suivant sa méthode de travail habituelle déjà employée
pour la publication des gisements lagunaires dans les cahiers de l'ARALO à
savoir : publiés le plus succinctement possible et incomplètement,
voire sans vérification, les sites montrant de ce fait l'incompétence
des archéologues qui l'ont précédé, lui se réservant
la synthèse scientifique que je qualifierai "d'officielle"
pour sa gloriole personnelle.
La publication d'une mise au point par Henri PRADES dans la revue Archéologie
en Languedoc me semble, tout comme à d'autres archéologues amateurs
et professionnels, une très bonne chose (. . . ) elle minimise les préjudices
liés à l'article de M. PY à la différence des gisements
lagunaires qui eux n'ont pas fait l'objet de rectificatifs écrits.
La rectification d'Henri PRADES était donc nécessaire scientifiquement
et philosophiquement car elle montre l'absence de concertation entre l'équipe
du CNRS et le groupe archéologique Painlevé, à cause de
Michel PY, ce qui est une attitude anti-scientifique car elle entérine
des erreurs grossières et des contrevérités scientifiques.
Ce n'est pas, par exemple, en rectifiant des plans établis par le GAP
comme l'a fait Michel PY que l'on peut s'enorgueillir d'être un scientifique
et qui plus est directeur de recherche au CNRS. Écrire que le parement
Est du mur du sondage 27 (le rempart) est un parement extérieur, par
exemple, alors que ce mur est orienté Est-ouest comment peut-il avoir
un parement Est? ? ? Si c'est là la logique d'un directeur de recherche
du CNRS on ne peut être que profondément déçu et
peiné pour la recherche scientifique. . . "***
Voilà le but de la manuvre : s'approprier la découverte
de Lattes, en devenant le savant qui l'interprète scientifiquement. Si
les découvreurs sont quelque passants, on aura la bonté de les
citer, puis de les enterrer.
Un aventurier, friand des lauriers de la gloire, déclare découvrir
ce mur d'enceinte, après la mort d'Henri en Août 1990****. Michel
Vaillat (alors Maire de Lattes) et lui sont sur une photographie du journal
Midi-Libre pour l'événement. Dommage pour cet "archéologue",
on a déjà répertorié ce mur. Les lauriers donnent
un goût vinaigré à la sauce truquée. Comme la vie
est injuste ! Il faut dire, à la décharge de ce redécouvreur,
que depuis la mort d'Henri, certains ouvrages d'histoire locale, d'archéologie,
de tourisme, citent des gisements et des découvertes de Prades en "oubliant"
de le citer. Il semble que les Terramares, la Lieude ou Lattara "en valaient
la peine. " Alors pourquoi se gêner !
Charles Ebel écrit dans une revue américaine : ". . .
Le compte rendu (de Michel Py) n'est pas un compte-rendu impartial ou utile
de ce que le Groupe Archéologique Painlevé et Henri Prades ont
accompli à Lattes. La véritable réussite d'Henri en ce
qui concerne Lattes ne réside pas dans un simple rapport sur une fouille,
mais plutôt, dans ce que, avec des moyens modiques, et souvent contre
une véritable opposition, il sait parvenir à faire reconnaître
l'importance du site, à force de travail et d'intelligence archéologique,
et à sauver un trésor historique. S'il avait travaillé
plus lentement, plus méthodiquement (. . . ) Lattes aurait été
condamnée à rester une très petite note de bas de page
de l'histoire antique. "
J'aimerai voir ces senseurs de tout poil placés dans les mêmes
conditions de travail : des sondages menés à toute vitesse, parce
que le béton approche, parce que la pelle mécanique regarde et
contient mal son appétit, parce que l'eau envahit le moindre interstice
et oblige les fouilleurs à des efforts inhumains pour échapper
à la glaise gluante. . . Si le G. A. P. veut sauver un maximum de matériel,
le prix à payer consiste à l'abandon du pinceau, du quadrillage
des sols et les photographies "léchées". Et si la présence
de cageots sur les images trouble des instruits, tant pis ! Henri et ses amis
sont des archéologues, pas des photographes de mode. Et bien sûr,
le plus souvent avec des moyens financiers réduits à peau de chagrin,
quand ce n'est pas des bouts de ficelle fournis par le budget familial des fouilleurs
! Que ces ennemis du désordre se souviennent ! Dans les années
de fouilles officielles (été 1984), ils demandent à Henri
de trouver un local pour héberger le stage. Avec quelles difficultés
il arrache deux salles de classe à l'école des Tamaris ! Personne
n'est chaud pour cela, car on vient de repeindre les locaux. . . Mais mon naïf
de mari se porte garant au nom des "responsables" du stage (quand
même l'Université, le C. N. R. S. ! ) Après leur départ,
Henri se fait drôlement houspiller par les Services Techniques de Lattes
et par le Directeur de l'école. On retrouve des murs salis, des classes
mal nettoyées, quant aux sanitaires. . . Mon désordonné
de mari n'est pourtant pas "patron" du stage ! Lors de la session
d'été 1995, la police (ou les gendarmes, je ne sais plus) vient
demander des comptes aux responsables du Musée, à cause du tapage
nocturne arrosé des stagiaires .../...
Mme PRADES
* Michel Py dans la Revue LATTARA 1 "Sondage dans l'habitat antique de Lattes; les fouilles d'Henri Prades et du Groupe Archéologique Painlevé (1963-1985)", publiée avec le concours du Ministère de la Culture et de la Communication; de la Direction du Patrimoine, et de l'ARALO. , Lattes 1988, p. 65 à 145.
** Archéologie en Languedoc Revue trimestrielle de la Fédération Archéologique Michel Py dans la Revue LATTARA 1 "Sondage dans l'habitat antique de Lattes; les fouilles d'Henri Prades et du Groupe Archéologique Painlevé (1963-1985)", publiée avec le concours du Ministère de la Culture et de la Communication; de la Direction du Patrimoine, et de l'ARALO. , Lattes 1988, p. 65 à 145. de l'Hérault, Publié avec le concours du Conseil Général de l'Hérault, Lattes, Henri Prades Février 1989 dans les Notices Bibliographiques pp. 11 à 19. Les inexactitudes suggérées sur le dos du G. A. P. époustouflent Henri, surtout le trafic des dessins de Jean-Louis Vayssettes.
*** Lettre d'un responsable du G. A. P. à Mme PRADES le 12. 04. 1990 (extrait).
**** Voir le Midi-Libre Montpellier du Jeudi 9 Août 1990. Il y a récidive quelques années plus tard, en Automne 1995, lors d'une émission télévisée régionale.
La famille Prades est propriétaire des textes et des photographies publiées sur le site.
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